Sa main passe dans sa nuque. La douleur est là. Elle est simple. Elle vit avec. Les entraînements sont durs, mais la récompense en vaut largement la chandelle. Le rôle de sa vie, ça vaut bien quelques bleus, quelques courbatures. C’est pas ses premières, ça ne sera pas ses dernières.
Fin de représentation, gros besoin de détente. Elle réunit ses affaires rapidement dans son sac de sport et saute dans le premier bus qui passe. En vitesse, elle détache son chignon, laissant ses cheveux blonds occuper le dessus de ses épaules. Une main rapide sur le cuir chevelu pour le détendre, le pauvre, étiré toute la journée. Le bus s’arrête à un arrêt du deuxième arrondissement. Marlen descend rapidement, prend la direction du club.
Besoin de se changer les idées, de penser à autre chose que la danse pour le moment. Elle pousse la porte, trouve une place à une table. La dernière, coup de chance. Le sac par terre, elle attend un serveur. Y’a déjà un concert en route. Le son est pas mal. Pas son genre quand même. Quelqu’un se pointe. Un verre de vin blanc, s’il vous plait. Il revient rapidement avec la commande. Len ferme les yeux pendant quelques secondes, avant une première gorgée délivrante.

Assis à une table, il observe les gens. Un air un peu hautain et des lunettes de soleil pour cacher ses yeux cernés. Il s'est couché tard ce matin, la soirée d'hier a été mouvementé. De l'alcool, de l'alcool et toujours de l'alcool, alors ce soir, quand il s'est réveillé, il a plongé ses lèvres dans une tasse de café. Même si le café, c'est pour les vieux. La musique est trop forte, en plus elle est nulle. Il sait pas vraiment pourquoi il est venu, il suppose que c'est l'alcool qui lui restait dans le sang qui l'a mené jusqu'ici.

Les gens d'ici ressemble tous à des vieux riches qui aimeraient retrouver leur jeunesse ( du moins à ce moment là de la soirée. ) Extenué d'entendre ce groupe débutant et de voir tous ces gens trop bien pour lui, il se lève. Mais son regard se pose sur cette blonde. Il la connait, à vrai dire c'est sa façon de se tenir qui lui dit quelque chose. Et puis quand elle tourne la tête pour regarder le serveur il se souvient de son nom. Marlen. Marlen la danseuse. Le serveur revient, il lui sert son verre. C'est le moment qu'Achim choisir pour la rejoindre. Elle deguste sa première gorgée. “toujours aussi accro à ce que je vois.” Un air moqueur aux lèvres. Marlen n'est pas la pire des ivrognes, mais Achim aime bien l'embêter. “ ça fait un petit bout de temps qu'on s'est pas croisé.” En fait il savait plus trop, faut dire qu'il se souvient pas toujours bien de ses soirées.

Elle relève la tête, un soupir d’exaspération s’échappe de sa bouche. Achim. Manquait plus que ça. Elle le regarde s’installer, un regard noir naissant dans ses yeux. Si la haine avait un visage, ça serait surement la tronche d’Achim qu’elle choisirait pour l’incarner. L’envie de se lever et d’aller s’asseoir ailleurs est très forte. Mais c’est la dernière table, elle est coincée avec cet idiot, à moins d’aller dans un autre bar. Mais l’idée de partir faire une tournée n’est pas pour elle. Elle se sentirait comme une ivrogne. « Ta gueule. » Ça vient du cœur. Elle croise les bras. Elle sait très bien qu’il n’a pas un mauvais fond, mais elle ne peut pas s’empêcher de le détester. Il lui a brisé le cœur, et ça, elle ne lui pardonnera jamais. « Quand je vois comment t’aimes venir me faire chier, je me demande comment t’as réussi à te barrer comment donner de nouvelles. » Si ses bras ne la faisaient pas autant souffrir, la claque serait partie depuis bien longtemps. A la place, elle tente de s’occuper les mains en triturant son verre, faisant attention à ne pas renverser le contenu. Le verre est déjà assez cher comme ça, pas besoin de le gaspiller. Être danseuse c’est bien beau, mais tant que la tournée n’a pas commencé, ça ne lui rapporte pas beaucoup.